Résumé: A la croisée des sciences biologique et de l’informatique la métaphore du cerveau-ordinateur qui a prévalu durant plus de quarante ans dans l’essentiel des travaux en neurosciences sur le cerveau a conduit à considérer des individus isolés, sans prise en compte des interactions sociales. Une nouvelle technique de neuro-imagerie, appelée hyperscanning, permet désormais d’enregistrer simultanément le comportement et l’activité cérébrale de plusieurs participants et d’étudier ainsi l’interaction sociale dans un contexte spontané et de réciprocité. L’interaction est alors appréhendée de manière holistique en considérant les deux individus comme un seul système, et le comportement autant que les activités cérébrales. Ces développements méthodologiques et théoriques ont permis de démontrer qu’interagir activement avec les autres est fondamentalement différent d’une perception sociale passive. Ces résultats invitent donc à considérer plus largement la dimension interactionnelle dans les travaux en neurosciences ainsi que la complémentarité entre les contraintes biologiques et la dynamique de nos interactions sociales.